C'était terminé. Tous les ninjas qui s'étaient battus lors de cette guerre repartaient dans leur village avec l'esprit en paix. Je me suis battu avec mes proches pour la survie des villages. Je ne savais plus le nombre de personnes que j’ai vu tomber au combat, sans avoir eu la chance d’avoir accompli leur destin ou d’avoir vu pour la dernière fois le visage de leur famille. Nous avons gagné, mais la mort flottait au-dessus de nous. Chacun a laissé un être cher s'évaporer dans les cieux. La joie régnait dans le coeur de chacun ? Non. Une majorité hurlait de joie et une autre avait la tête baissée avec une mine de tristesse. Deviner dans quelle catégorie j'étais... Bien sûr, ceux avec la tête qui fixait le sol. Soudainement, comme il semblait intéressant ce sol. Le regarder était fuir la réalité. Moi, Shikamaru Nara, j'ai laissé une vie s'échapper.

Je n'arrivais pas à oublier ses dernières paroles, son geste héroïque qui nous a permis de se battre jusqu'au bout. Une simple explosion à suffit pour que sa vie soit en jeu, tout comme celle d'Inoichi et Ao. De braves hommes. Suis-je le seul à penser à lui ? Galère de vie... Shikaku Nara a été le plus grand homme pour moi. Celui qui m’a appris à marcher, à parler et à être un paresseux. Je retiens tout de mon père, le physique, la voix, le caractère… Combien de fois lui ai-je dit que je l’aimais… Peu à mon souvenir. Merde… Je ne pensais pas le perdre, pas dans cette guerre. Il devait vivre, pendant longtemps !

La foule continuait d'être mouvementée, ce n'était plus seulement des cris d'adultes que j'entendais, mais ceux des enfants et des femmes. Ils arrivaient tous pour fêter avec nous et retrouver leurs ninjas. Je ne savais pas quoi lui dire... Je relevais la tête pour lui faire face et se fut un pincement au coeur de voir sa réaction. Elle arrivait en courant, telle une enfant qui pourchassait un papillon, mais elle s'arrêta brusquement quand elle remarqua mon expression. Maman, je suis si désolé... Yoshino Nara, une femme si forte, un peu colérique sur les bords, se tenait droit devant moi en perdant son visage joyeux. Ses yeux cherchaient désespérément la présence de mon père, mais où était-il ? Une larme... Deux larmes... Trois larmes... Je n'osais plus les compter. Elle fondit en larme en tremblotant et gémissant. Elle plaqua brusquement ses deux mains sur sa bouche et osa lâcher toute sa tristesse. Yoshino crispait son corps pour échapper à cette douleur intense que lui affairait son coeur. Avant qu'elle tombe à genoux face à moi, je m'approchais en retenant mes larmes. Je la pris dans mes bras en la relevant et je sentis ses ongles s'enfoncer dans mon dos. Galère... Ce que ça pouvait être autant gênant cette situation.

Quelques personnes nous regardaient avec de grands yeux ronds... Que se passait-il ? Où était Shikaku ? Se disaient-ils. Il était mort dans cette foutue explosion. Je serrais ma mère contre moi comme une petite poupée. Je la tenais si fort, comme si j'avais peur de la perdre. Je refuse de perdre une autre personne, il est hors de question de la laisser tomber. Asuma était parti, Shikaku aussi... mais les autres resterons, je les protégerai comme j'aurais dû protéger ceux que j'aimais. Au loin je voyais Ino et sa mère qui pleuraient aussi. Chôji n'était pas dans mon champ de vision, mais lui au moins, il n'avait pas perdu son père.

N'acceptant pas de passer pour un type trop émotionnel, je relâchais l'emprise sur ma mère et la guidai dans les rues de Konoha jusqu'à notre maison. C'était si bruyant... Alors que les autres profitaient de ce moment de gloire, Yoshino et moi passions au travers de cette foule sans dire un mot, le regard perdu au loin. Je l'entendais quelques fois lâcher un hoquettement et pleurer pendant quelques secondes jusqu'à ce qu'elle retrouve son sang-froid. Les connaissances de la famille Nara passèrent proche de nous en nous annonçant toutes leurs condoléances. Je n'aimais pas du tout cette situation embarrassante. C'était comme quand Asuma Sensei rendit l'âme... Je ne veux pas revivre cela encore une fois.

Arriver à la maison, l'esprit familial s'était dissipé... Cette chaleur qui venait nous entourer me fis le plus grand mal. Quand Asuma est mort, je ne parlais plus, je ne bougeais plus et je ne mangeais plus. Ma vie s'était arrêtée et je sentais que ça recommençait. Qui m'avait sorti de cette misère ? Père. Je ne le remercierai jamais assez de m'avoir sauvé de la déprime. J’étais condamner à garder sur la conscience la mort d'Asuma, mais un soir, Shikaku me dit de le laisser partir. Ce fut le déclic pour moi, même si j’ai été choqué. Ce fut grâce à lui que j'ai gardé mon sang-froid face à Asuma pendant la quatrième guerre et d'avoir été capable de me venger en tuant Hidan. Je déteste la vengeance... Ce n'est pas intelligent, mais disons que je voulais laisser en paix mon sensei.

Yoshino, ma chère mère, ne disait plus en mot. Elle préparait une soupe aux légumes avec une grande paresse. On dirait presque moi à l'œuvre ! Elle s'avança vers moi en déposant un bol de soupe sur la table. Un autre pour elle et... un autre à la place de papa. Avant de le déposer, elle réalisa encore une fois que son mari n'allait plus être là. Jamais. Yoshino laissa tomber le bol et se remit à pleurer comme un bébé. Ce n'était pas dans mes habitudes, mais je me relevais rapidement et essayais de la consoler. Pourquoi une femme doit autant pleurer ? Elles sont si difficiles à réconforter... Surtout ma mère. Pour une fois, elle ne gueulait pas, mais ses pleurs devenaient insupportables pour plusieurs raisons. Après un moment, je n'entendis plus rien. Elle dormait... Elle devait être trop fatiguée, avoir pleuré une journée complète doit l'avoir affaibli. En essayant tout bonnement de lui faire attention, je la prenais dans mes bras et la transportais jusqu'à sa chambre. Enfin... La chambre de mes parents. Je la déposais dans le lit en la laissant se reposer. Imaginer perdre la seule personne au monde qui arrive à vous supporter et vous aimez pendant toute une vie… Elle a perdu l’homme qui l’adorait. Pourtant, je savais qu’elle resterait une femme forte et courageuse. Jamais Yoshino Nara se laissera emporter par le vent du malheur.

Par la fenêtre de notre salon, j’observais le temps. Il faisait encore nuit à l'extérieur, mais je ne pouvais pas rester dans la maison. J'avais fait les cent pas dans notre chambre où l’on jouait au shôgi. J'ai perdu tous mes partenaires de shôgi... Non je ne pleurais pas encore, mais le lieu était insupportable. Je sortais de ma demeure avec une couverture sous le bras et commençais marcher tranquillement jusqu'à ce lieu. La forêt du clan Nara.

Depuis mon plus jeune âge, mon père venait ici avec moi pour récolter les cornes des cerfs. C'était un très bon médicament utile à Konoha. On pouvait considérer ça comme le passe-temps des Naras. Je me déplaçais jusqu'à un arbre qui semblait peu isolé et me couchais au sol. La nuit était nuageuse et fraîche, c'était magnifique. Ah... ces nuages arriveront toujours à me séduire. Pourquoi étais-je venu ici ? Parce qu'il n'y avait pas meilleur moyen pour enterrer un deuil et tourner la page. Je le sais très bien. C'est difficile, mais c'est ici que j'ai pu relâcher Asuma. Je comptais relâcher mon père au même endroit.

Je fermais les yeux et sans m'y attendre, je laissais quelques gouttes salées se glisser contre mes joues. Je décidais enfin de retirer ma peine en pleurant en silence. Tout à coup, je sentis quelque chose d'humide caresser ma pommette. Je me dégageai rapidement et je vis un bébé cerf qui léchait mes larmes. C'était un peu dégoûtant, mais je le laissais faire. Je caressais doucement sa tête et il finit par s'installer à mes côtés, coller à mon corps. Je fis un petit rire moqueur.

« Galère… Je paris que tu es seul toi aussi. »

Je laissais mon esprit se détendre avec mon corps et c'était le vide. Aucun rêve ne s'empara de ma tête. Je me souviens de la première fois que je me suis endormi ici. C'était avec mon père... Il voulait me montrer un peu le coin et on a fini par se perdre. C'était con se perdre dans notre propre forêt. Parfois mon père n'avait pas toute sa tête, alors je considèrais ça comme normal. Après s'être trompé de chemin, nous nous sommes couchés au sol. Il a commencé à me raconter l'histoire de Konoha et je me suis endormi la tête sur ses genoux. Ma mère était furax après nous, mais quoi de mieux qu'un moment père fils.

L'aube s'était levée. J'ouvrais mes paupières en m'étirant le corps et en laissant un long bâillement sortir. Comme à mes habitudes, je me tournais de l'autre côté et refermais les yeux. Ce n'est pas confortable de dormir sur le sol, mais je ne voulais pas retourner à la maison... Ce lieu est si unique et crucial. C'est ici que j'ai passé tout mon temps avec lui à écouter ses histoires ennuyeuses et sa morale sur les femmes. Jamais compris pourquoi il aime autant ma mère, les femmes colériques sont les pires. Enfin... peut-être pas une. Ah non, elle est chiante parfois. Enfin... Ah et je ne parle pas de ce sujet ici. C'était un sujet qui revenait souvent entre mon père et moi. Il m'avait déjà demandé ma préférence chez une fille. Je n'ai jamais compris pourquoi il portait une si grande attention à ça. Sinon, il aimait bien raconter des histoires ou me parler de ses missions. Ce n'était pas toujours divertissant, voir ennuyant... mais je réalisais que ça va me manquer. Vraiment me manquer... Il était le meilleur père, pour rien au monde je l'aurais échangé.

Le bébé cerf était encore près de moi. Un fidèle compagnon cet animal... Au loin, je vis un énorme cerf mâle. Il s'approchait doucement et poussa son cri. Son petit se réveilla en sursaut et se fut le moment de joie. Il se leva sur ses quatre pattes et rejoignait son père en sautant de plaisir. Son père refusait de me lâcher du regard. Il finit par s'incliner devant moi. Roh... tant pis, je me levais debout avec difficulté et m'inclinais aussi. Il se retourna en quitta le petit secteur pour retourner dans un endroit plus caché. Son petit me posa un dernier regard et s'en alla.

« C'est peut-être toi qui a décidé de m'envoyer un message, Shikaku... J'ai compris la leçon. Peu importe où je suis, avec qui ou quand, tu seras toujours là pour moi. Dans mon coeur, dans ma tête et dans mon âme. Merci de toujours avoir pris soin de moi, je suis peut-être le plus grand paresseux de la Terre, mais c'est toi qui m'as appris à être comme ceci. Tu m'as toujours dit de ne pas juger les gens par l'apparence et de me trouver une femme qui conviendrait à mes goûts. Tu m'as poussé à me surpasser. Tu m'as traité de lâche à ma première mission, mais je ne te dirai jamais assez ce mot... Merci. Je te promets de veiller sur maman. Je te relâche papa. Rejoins Asuma, prenez soin de vous. »

Je regardais le ciel avec une certaine fierté. Je n'oublierai jamais ses derniers mots... Il est le plus grand homme, il s'est sacrifié d'une façon héroïque. C'était la plus belle façon de mourir, en protégeant le village. Peut-être qu’il n’était pas un héros comme nos hokages, mais pour moi, il est le plus fort. Il m’avait dit un autre truc aussi… La boîte dans le placard ! Je me rappelais soudainement de ce truc idiot, mais si je ne la trouvais pas, ma mère allait me tuer en m’accusant d’être un sacré pervers.

Je quittais la forêt en restant rapide et atteignis la maison plus vite que prévu. Il n’y avait personne, étrange… J’ouvris le placard de la cuisine et cherchais sur la deuxième tablette à gauche où pouvait se trouver la petite boîte en bois. Elle était là ! Je la pris dans mes mains et l’ouvris. Beurk… Je déteste ce genre de revue. Comment il fait pour regarder toutes ces femmes… Je ne supportais peut-être pas leur présence, mais moi au moins je ne les matais pas.

« SHIKAMARU NARA ! Que fais-tu dans l’armoire ! Ce n’est pas encore le temps de manger ! »

Je rangeais rapidement la revue dans la boîte mais ce fût un échec. Elle fronçait des sourcils en pointant la boîte de bois et approcha sur un pas agressif.

«Qu’est-ce que c’est que cette boîte !? »

« Et merde... Maman, c’est rien. »

« DONNES-MOI ÇA ! Et tout de suite jeune homme ! »

Galère… Comme elle pouvait être lourde… Roh les femmes, c’est si dur à supporter, surtout pour notre bien mental à nous les hommes. Avant même que je réplique, elle empoigna la boîte en me faisant une grimace et fût outrée du contenu.

« Une revue érotique ! Si ton père voyait ça Shikamaru, je n’ai pas élevé mon fils pour qu’il regarde des femmes à moitié nue ! »

Je soupirais lourdement en levant les yeux au ciel. Si au moins elle me laissait parler. Finalement elle n’a pas du tout changée. Soudainement, ma très chère mère si aimable, arrêta de gueuler. Un vent de chaleur traversa chacun de nos corps et ce fût comme une révélation. Est-ce qu’il était là ? Est-ce qu’il nous regardait ? Je sentais que mon père était là, proche de nous à se moquer de notre engueulade. C’était bien de sa faute aussi, foutu revue érotique… Il était vraiment obliger de la cacher à cet endroit… Maintenant, ça se retourne contre moi, galère… Ma mère me regardait en calmant soudainement sa colère. Elle me sourit et je décidais de lui répondre avec un petit sourire en coin. Papa, tu es mort en héros, je serai toujours fier de toi. Même si tu n’es plus là physique, tu resteras, tout comme Asuma, dans mon cœur. Je t’aime, papa.