Cinq heures du matin et des pleurs d’enfants. Rien de pire pour vous tirer hors du lit. Aucun réveil au monde n’atteint les mêmes résultats. Matsuda grommelait, il était bien trop tôt pour qu’il ne se lève. De toute manière, sa femme pouvait bien s’occuper des enfants, après tout c’était les siens. Replongeant la tête dans son oreiller moelleux, il fit mine de ne rien entendre. Mal lui en prit car notre chère furie s’en offusqua. Après avoir éjecté son mari hors du lit conjugal d’un violent coup de pied dans le flanc, Asuna lui ordonna d’aller s’occuper des enfants. Un air las, Matsuda ne broncha pas. Quelle barbe. Pour une fois qu’il pensait pouvoir dormir paisiblement... Cela faisait plus d’une semaine que ses morveux se réveillaient, pourtant sans la moindre raison. Notre homme commençait sincèrement à en avoir assez. Les cernes sous ses yeux n’avaient jamais étés aussi prononcées qu’en ce moment. D’ici quelques temps, on prendrait littéralement Matsuda pour un vampire. Bien contre son gré, il enfila sa prothèse avant d’aller faire taire la chair de sa chair. Ce ne fut pas bien long, très heureusement, Tatsuya n’avait fait qu’un mauvais rêve. Le soucis était qu’Andô avait été réveillé lui aussi et qu’il ne voulait pas se rendormir. Résultat des comptes, Matsuda fut contraint de se le coltiner le reste de la nuit.


Au petit matin, Asuna émergea, heureuse et reposée. Le directeur en profita pour aller prendre sa douche. Pour une raison qui lui échappait, il sentait que sa journée allait être longue. Pourvu qu’il se trompe, ce n’était vraiment pas le jour. Avec si peu d’heures de sommeil au compteur, ce serait un torture pour lui que de devoir utiliser ses capacités à leur maximum. Si seulement il avait su... Comme tous les jours, Matsuda prit un petit-déjeune copieux. Pas moins de dix pancakes à la confiture de fraise, trois verres de jus d’orange et une tablette de chocolat au lait. Repu, il s’éclipsa hors de chez lui avant que sa femme ne trouve quelque chose à lui faire faire avant qu’il ne parte travailler. Matsuda ne vivait pas très loin du palais du Tsuchikage, aussi son trajet vers le travail n’était pas bien long. D’un pas très lent, le directeur progressait dans le village, saluant les gens qu’il connaissait au passage. Sur son chemin, il croisa son second: Watari. Ce dernier s’inclina devant lui avant de le suivre. Matsuda n’ayant pas envie de parler, ils marchèrent en silence.


Arrivé à destination, le directeur prit l’escalier menant au sous-sols du palais. C'était là que se trouvait le QG de la section Défense et Sécurité qu’il dirigeait. Les gardes lui ouvrirent les portes blindées et il pénétra dans son bureau quelques minutes plus tard. Au centre du QG se trouvait le bureau du directeur, tout autours, on retrouvait une multitude de bureau et de postes de surveillance. La majorité des hommes ici présents épiaient leurs concitoyens au biais de l’infinité de caméras espions qu’on pouvait retrouver partout dans Iwa. Bien entendu, ce moyen de sécurité était absolument top secret. Les seules personnes au courant de cela se trouvaient être les ninjas travaillant au QG, les membres des forces spéciales, et bien sûr le Tsuchikage. Cela permettait à Matsuda d'exercer un contrôle parfait et de garantir la sécurité au village. En revanche, cela devait à tout prix rester secret, la population y verrait là une atteinte à la vie privée. Aujourd’hui, rien de bien passionnant ne se tramait au village et Matsuda s'ennuyait presque. Quelques heures passèrent avant que la situation ne se décide enfin à évoluer. Sans qu’il ne sache pourquoi, une délégation de l’ANBU dit brusquement apparition et demanda à entrer dans son bureau. Le chef de l’équipe tendit un parchemin au directeur.


« Directeur Atsuji, le Tsuchikage vous demande expressément de remplir cette mission. Il vous stipule qu’elle doit devenir votre priorité. Conformément à sa volonté, vous pourrez disposer de membres des forces spéciales comme bon vous semblera. »

Spoiler:

Watari s’empara du rouleau pendant que le directeur tournait sur sa chaise à roulettes. Matsuda se stoppa net et commença à lire l’ordre de mission en dégustant quelques fraises. Lorsqu’il termina sa lecture, un sourire illumina son visage. Enfin, il allait pouvoir s’occuper un peu, ce n’était pas trop tôt. Son air joyeux ne manqua pas de choquer le chef de l’équipe qui lui demanda de suite pourquoi cela semblait le ravir. Le directeur se sachant mentir, il répondit très honnêtement.


« Je m’ennuyais, ça va m’occuper ; mais surtout, ça va me donner une bonne raison de ne pas rentrer chez moi ce soir. Watari, faites passer le message à mon horrible épouse. Quant à vous, faites venir une équipe de l’ANBU spécialisée dans les renseignements. Euh, c’est bon arrêtez de me regarder comme ça, allez-y... ZOU ! »

Une heure se déroula entre le moment où Matsuda donna ses directives et celui où les hommes qu’il avait demandé arrivèrent. Pendant ce temps, le directeur avait eu largement le temps de réfléchir et d’établir un plan. Il ne lui restait maintenant plus qu’à le mettre en place. Dans sa position habituelle de réflexion, il attendait en réalisant des brochettes à base de sucreries. Lorsque les hommes arrivèrent, il leur en donna une à chacun. Pris de court, ils ne surent pas bien quoi en faire et certain la rangèrent dans leur poche afin de ne pas insulter Matsuda. Ce dernier observa les hommes en détails de ses yeux globuleux et en reconnut même un. Il se rappelait de cette cicatrice au pied gauche. Son nom était Yabura Katetsu. Le directeur décida de faire comme si de rien était, après tout il avait connu cet homme en civil. Pourvu qu’on ne lui pose pas de question sur son identité... D’un signe de tête il leur demanda de s’assoir. Au total ils étaient cinq, ce n’était pas beaucoup, mais ça suffirait. Pendant qu’il mangeait sa propre brochette, Matsuda commença à parler.


« J’aurais voulu avoir plus de monde sous mes ordres, j’espère au moins que vous êtes compétents. Hum, très bonne cette guimauve, c’est un délice. Allez-y goutez en une. Oh, euh, oui, l’enquête, c’est bien vrai. Alors, nous allons commencer par exécuter ce Jin Kazuya. Succulent, vraiment. »


Certains des hommes prirent les paroles du directeur pour des provocations, même si la vérité était tout autre. Peu de monde était au courant de l’autisme du shinobi, et donc peu de monde arrivait à comprendre son manque de tact et sa franchise légendaire. Face à l’ordre qu’il leur lança au nez, les hommes s’offusquèrent.


« Directeur Atsuji, vous êtes fou ou quoi ? La mission stipule que nous devons l’interroger, pas le tuer enfin ! »


Les équipiers de l’homme le soutinrent, n’hésitant pas à aller clairement contre l’ordre de Matsuda. Ce dernier soupira alors et se mit à tourner sur sa chaise. Lorsqu’au bout de deux minutes il ne s’arrêta pas, l’un des ANBU s’énerva et lui demanda d’arrêter de faire l’idiot et de commencer à travailler sérieusement. Matsuda avala une autre brochette avant de lui répondre, sur un ton des plus calmes, presque serein.


« C’est vous les idiots. Réfléchissez un peu. Vous en êtes capables au moins ? Je n’ai pas perdu la tête vous savez, pas encore en tout cas. Kobura a des relations, il a de l’influence. S’il a pu faire passer ses marchandises à Iwa sans que je ne le saches, cela signifie même qu’il a un ou des hommes infiltrés dans mes services. Vous voyez où je veux en venir ? Non ? Rahhh, qui m’a foutu des empotés pareils. Si nous faisons passer le  chimiste pour mort, Kobura sera rassuré. Il ne craindra pas d’être retrouvé et donc il ne ne s’enfuira pas. Les morts ne parlent pas ; Kazuya dans la tombe, ses secrets l’y rejoignent. Toi là, tu vas partir pour les geôles et tu vas faire exécuter un prisonnier après lui avoir masqué le visage et fait passer pour le chimiste. Est-ce clair ? »


Le silence s’installa le temps qu’ils comprennent la démarche du directeur. Ils venaient de se rendre compte qu’il n’était pas stupide, malgré son attitude condescendante. L’un des shinobis prit la route des prisons pour appliquer le plan de Matsuda. Toutefois, il ne s’agissait là que le prologue de l’enquête, rien de plus qu’un prémisse. Afin de préparer l’interrogatoire, le directeur envoya Watari lui chercher un uniforme de tortionnaire. Les gens connaissaient le poste de Matsuda, aussi il ne pouvait pas se permettre d’aller poser des questions en personne à un simple prisonnier. Le chimiste serait mort, et personne d’autre n’aurait autant d’importance. Si Kobura en avait vent, il serait de suite sur ses gardes. Le directeur décida donc qu’il allait se faire passer pour un membre de la section torture et interrogatoires. Bien sûr, il intima les ANBU au secret, même s’il leur faisait confiance. Après tout, ces hommes étaient ceux de son ancien élève devenu Tsuchikage. Comme il avait une confiance aveugle envers cet homme, il en allait de même pour ses subalternes. Lorsque son costume arriva, il le revêtit sans perdre de temps. Avant de partir  interroger Jin, il donna ses directives aux hommes restant.


« Il est certain que Kobura possède un ou des infiltrés dans mes services, je vous l’ai déjà dis, certes. Je pense néanmoins savoir où. Vous allez donc épluchez les dossiers de tous les hommes travaillant à la sécurité des portes du village. Ne négligez personne, il peut s’agir des gardes sur place ou même peut-être du chef qui s’occupe de cela. Ces hommes sont certes sous mes ordres, mais ils répondent avant à leur supérieur hiérarchique direct. Il ne serait donc pas impossible que ce chef puisse dissimuler les cargaisons de drogues arrivant au village. Je n’ai pour le moment pas de certitude concernant l’identité de ses alliés, mais je suis presque sûr qu’ils travaillent là. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire. »


Son laïus terminé, le directeur prit alors la route vers le QG de la section où se trouvait Jin Kazuya. Lentement, il parcourut la distance qui le séparait de son point d’arrivée en avalant trois bananes. Alors sur place, on le conduisit en direction de Jin Kazuya qui avait été masqué et renommé Tetsuo par sécurité. L’homme était enfermé dans une pièce sombre. Ligoté sur une chaise il lui était complètement impossible de bouger. De toute manière même s’il se libérait de ses liens, les deux gardes en compagnie de Matsuda le materait sans problème. Le directeur observa l’homme avec un air fatigué. Il était bien rare que Matsuda vienne en personne interroger quelqu’un, cela n’avait pas du arrivé plus de trois fois. Au vu de la couleur jaunâtre de ses dents et de ses doigts, il était clair que l’homme était fumeur. De plus, au vu de l’état de ses yeux, particulièrement ses pupilles éclatées, il était clair que l’homme avait à maintes reprises consommés certains de ses produits. En terme de corpulence, il était plutôt costaud, mais pas vraiment très impressionnant, les deux gardes l’étaient bien plus à vrai dire.


Sur une table se trouvaient de nombreux outils tout indiqué à la pratique de la torture envers son prochain. Matsuda n’aurait cependant peut être pas besoin de les utiliser. Lentement il se mit face au prisonnier et prépara sa technique. Avec précaution et application, il plaça un sceau dans le cerveau de Jin. Lorsqu’il fut bien installé, le directeur l’activa en effectuant le mudra du tigre. l’homme eut alors un léger spasme. Bien, les choses sérieuses pouvaient commencer. Matsuda sortit un paquet de carrés de sucre et commença à en avaler en même temps qu’il prit la parole.


« Moi c’est Atsuji Matsuda. Je trouve que t’as vraiment une tête de con au fait. Bon, ce que je t’ai mis dans le cerveau c’est un sceau qui va agir sur ton cerveau pour t’empêcher de mentir. Essaie de le faire si tu veux mais irrémédiablement tu vas dire la vérité. Alors par contre tu vas voir, tu peux très bien ne pas parler ou juste m’insulter comme certains le font dans cette situation. Toutefois si tu ne me dis pas où se trouve Kobura, je vais m’assurer que tu sois torturé et je moque du temps que cela prendra. Si tu dois souffrir le martyr pendant un mois c’est ce qui va arriver. Tu choisis quoi ? »

Comme Matsuda s’y attendait bien sûr, l’homme refusa de parler. Bien qu’il n’aime pas faire souffrir les gens, Jin ne lui laissait pas d’autre choix. Après s’être essuyé le visage pour en retirer la bave de l’immonde criminel, le directeur s’avança vers la table pour regarder de plus près les outils à sa disposition. Une chose était certaine, le chimiste allait vraiment passer un mauvais moment. Par où commencer ? Matsuda se le demandait bien.  De manière classique, on commençait lentement et on allait de plus en plus loin. Alors justement, le fait d’aller directement vers ce qui se fait de pire aurait peut-être un effet rapide. Le temps n’était pas compté, pour autant cela ne voulait pas dire qu’il fallait le gaspiller. Matsuda s’empara d’une sorte de pince étrange et la mit dans les mains d’un des hommes. Il se dirigea ensuite vers la porte pour sortir de la pièce, avant de le faire, il donna ses ordres aux deux hommes, l’air toujours aussi calme que d’habitude, comme si cela ne représentait rien à ses yeux.


« Je vais chercher à boire et à manger. Pendant ce temps, arrachez lui l’oeil droit. »


Matsuda entreprit alors de sortir de la pièce sombre. Cependant il passa par mégarde son pied droit en premier. face à cela il fut contraint de revenir sur ses pas et de faire attention de passer le bon pied cette fois-ci. Le directeur referma la porte et partit alors chercher une tasse de café, un paquet de sucre et une part de gâteau à la fraise. Après avoir mit tout cela sur un plateau, il entendit des cris venir de la pièce où se trouvait Jin. Apparemment les deux hommes avaient déjà commencés leur travail. Lentement, Matsuda revint sur ses pas. Aller chercher sa pitance n’était qu’une excuse pour ne pas avoir à regarder ce spectacle atroce. Quand il pénétra dans la pièce, le prisonnier gémissait de douleur et son visage était couvert de sang. Notre homme demanda à ce qu’on lui apporte une table et une chaise et s’installa alors convenablement. Pendant que ses subordonnés pansait la blessure du criminel, il prépara alors tranquillement sa tasse de café en chantonnant. Cela fait, il y trempa les lèvres pour voir s’il y’avait assez de sucre. Comme ce n’était pas le cas, il en rajouta quelques morceaux. La scène devait vraiment être des plus dérangeante pour le chimiste. Après avoir bu une gorgée de son breuvage, Matsuda se racla la gorge.


« À mon avis il n’en a pas encore eu assez. Prenez ces aiguilles et rentrez les lui sous les ongles. Quand ce sera fait, retirez les toutes, puis recommencez. Faites cela trois ou quatre fois pour commencer. »


Alors que ses hommes s’en prenaient au prisonnier qui hurlait dès lors de douleur, Matsuda buvait son café, l’air paisible. De temps à autre il prenait une bouchée de son succulent fraisier. Le spectacle aurait choqué sans nul doute bon nombre de personnes. Le directeur semblait être ailleurs, comme si tout ce qui se passait autours de lui n’avait pas réellement lieu. Il se trouvait sur une plage, allongé dans le sable chaud, le soleil lui dorant la peau. Les vas et viens des vagues venaient lui caresser les orteils. Dans sa main, un cocktail sucré délicieux sans pareil. Le rêve... mais non, tout cela n’était qu’une impression. Comme ses sous-fifres prirent leur temps pour effectuer leur tâche de la plus efficace des manières, le spectacle dura pas moins d’une heure. Quand finalement ils terminèrent leur horrible besogne, ils se retournèrent vers Matsuda, lui demandant alors quoi faire. Ce dernier se gratta la nuque et descendit de chaise en avalant la fraise  du gâteau qu’il avait laissé jusque là. Le pas lent, il s’approcha de Jin. Ce dernier était dans un piteux état, toutefois il restait relativement en bonne santé comparé à ce qui allait lui arriver s’il persistait à ne pas parler. Matsuda admirait la ténacité de cet homme, il ne voulait vraiment rien lâcher et c’était tout à son honneur. Le directeur s’adressa au criminel, l’air sincère et bienveillant.


« Tu vois, il n’y a ni gentil ni méchant. Tout ce que nous voulons, c’est savoir qui est ce dénommé Kobura. Quand tu nous l’auras dit, et crois moi tu finiras par le faire, tu retourneras en prison et tu y resteras jusqu’à ce que tu y meurs. Il ne tiens qu’à toi de choisir dans quel état tu vas y finir. La balle est entre tes mains, mais réfléchis bien surtout. Actuellement, tu es déjà borgne, mais ce n’est pas encore très grave. Je peux m’assurer que tu passes la fin de tes jours dans un corps en si mauvais état que tu rêveras du jour où la mort t’emportera, sauf que nous ferons tout pour la retarder au maximum. Sache une chose, je ne mens pas, je me moque bien de savoir si ce que je dis t'impressionne ou non, c’est seulement ce qui risque d’arriver si tu t’obstines à garder le silence. Maintenant c’est simple tu as deux choix. Tu peux me dire qui est l’homme que je cherche, ou bien tu peux refuser et alors je vais demander à ces hommes de t’arracher le deuxième oeil, et quand ce sera fait ils t’écraseront les couilles avec un maillet. À toi de voir. »

« Ce sera tout pour aujourd’hui. Mettez-le dans la chambre d’attente numéro douze après l’avoir soigné. Si j’ai besoin de lui reparler plus tard, il sera certainement très coopératif. »


Vous ne connaissez pas cette salle ? Rien de plus normal. Voyez-vous, il s’agit en fait d’une pièce dans laquelle on installe un prisonnier. Il n’y a de place que pour une table en pierre sur laquelle on installe la victime. Une fois qu’il est sanglé de telle sorte qu’il ne puisse s’échapper, on referme la porte. L’homme se retrouve alors dans l’obscurité la plus totale. C’est alors que commencent les choses sérieuses. Toutes les cinq secondes, une goutte d’eau tombe du plafond pour aller s’écraser sur le front de la victime qui ne peut pas bouger la tête. Cela n’a l’air de rien, pourtant ceci empêche tout bonnement à la personne de dormir et finit par la rendre folle à la longue. Qui plus est, toutes les trente minutes, la température passe de 5°c à 40°c. Dans ces conditions, la personne dévoile généralement tous ses secrets au bout de quelques jours, les plus coriaces tiennent environs une semaine et demi. Satisfait de ce qu’il venait d’apprendre, Matsuda quitta la pièce et retourna au QG de sa section sans perdre de temps. Conformément à ses ordres, les ANBU qui étaient restés là avaient épluchés déjà bon nombre de dossiers des ninjas travaillant à la sécurité des portes du village. Le directeur les convia dans son bureau le temps d’un briefing.


« Le chimiste ne savait pas grand chose. La seule information réellement intéressante que j’ai tiré de lui est le nom du clan Kamizuru. En dehors de cela, il ignore qui est Kobura, apparemment ce dernier masquerait son visage et changerait sa voix lors de leurs entretiens. Notre cible ne va pas être simple à retrouver. Pour le moment, je veux que vous continuiez d’étudier tous les dossiers de mes hommes, nous verrons le reste plus tard. Je vais personnellement vous y aider, Watari lui aussi. Néanmoins avant cela, je pense qu’il est primordial que nous mangions tout un petit quelques chose. Watari allez chercher des parts de gâteaux et des jus de fruits. »


Tandis que le second de Matsuda s’exécuta, les membres des forces spéciales décidèrent  d’obéir à ce dernier et restèrent pour avaler quelque chose. Après tout, la nuit allait être longue, il y avait d'innombrables dossiers à éplucher. Le temps d’une demi-heure, le groupe dégusta ce petit casse-dalle, sans pour autant que Matsuda ne soit très loquace. La compagnie de ses hommes ne lui plaisait pas, il préférait être seul dans son bureau. D’ailleurs lorsqu’ils eurent terminés leur repas, il les congédia très rapidement. Le directeur ne pouvait pas travailler tout à fait librement et au meilleur de ses capacités si on le dérangeait. Contrairement aux ANBU, l’Atsuji connaissait déjà de mémoire une très grande partie des dossiers de ses hommes. Ayant une mémoire parfaite, il n’avait fallut qu’il les lise qu’une seule fois pour s’en souvenir dans les moindres détails. En conséquence, plutôt que d’étudier lui aussi les mêmes dossiers que les autres, il prit sur lui d’étudier celui de tous ces hommes sans exception. Mis à part Watari, bien évidemment. En effet, son second n’était pas n’importe qui. Il s’agissait de l’homme qui dans le passé lui avait fait perdre la jambe de gauche. Après qu’Iwa l’ait un jour capturé, Matsuda lui avait placé un sceau dans le cerveau afin d’inhiber complètement sa volonté et d’accroître sa fidélité. Depuis, il n’était rien de plus qu’un pantin humain, un esclave à la solde exclusive de son maître.


Plongé dans la multitude de dossiers, Matsuda y vit une excuse pour ne pas rentrer chez lui ce soir là. Bien sûr, cela l’emplissait évidemment de joie. Après tout, notre homme détestait son horrible femme. Qui donc pourrait aimer une épouse qui vous bat presque tous les jours ? Pas lui en tout cas. Afin de palier à la fatigue croissante, le directeur se noyait dans des litres et des litres de café. A tel point qu’il en eut même des palpitations au coeur à un moment. Quoiqu’il en soit, il s’en moquait bien, son travail passait avant tout. Au petit matin, il avait terminé d’éplucher tous les dossiers de ses hommes qu’il ne connaissait pas déjà par coeur. Dorénavant il savait absolument tout ce qu’il y’avait à savoir sur le moindre de ses subordonnés. Grâce à cela, il fut en mesure de réfléchir et de comparer ses informations avec ce qu’il savait du clan Kamizuru. Après sa réflexion, il convia les ANBU dans son bureau. Il était temps de passer à l’étape suivante. C‘était maintenant que l’enquête allait réellement débuter. Avant de donner ses ordres il voulut d’abord écouter le résultat des recherches de ses hommes.


« Directeur Atsuji, comme vous nous l’avez demandé, nous avons épluché minutieusement le dossier des hommes travaillant à la sécurité des portes. Grâce à cela nous avons pu trouver quelques personnes que nous considérons suspectes. En premier lieu: Higuchi Hatori, l’homme en charge des tours de garde. Il s’avère qu’il a eu dans le passé un lien avec un chef mafieux. En second lieu: Kida Namikawa, le chef douanier. Lorsqu’il était jeune, il a été élevé à l’orphelinat du village et plus tard adopté par un dénommé Oda Namikawa, Jônin instructeur. Des rumeurs semblent indiquer qu’il consommerait de temps à autre certaines drogues qu’il confisque. Enfin pour conclure: Midô Aizawa, simple douanier. Originaire du pays de l’Ours, ses parents ont étés assassinés par une troupe du village. Il a par chance été recueilli chez l’un des hommes présent ce jour là et est devenu genin quelques temps plus tard? Aujourd'hui il n’est que simple chuunin mais le bruit court qu’il en veut toujours à Iwa pour la mort de ses parents. »


Toujours sur sa chaise, Matsuda se rongeait les ongles. Les ANBU n’avaient pas étés mauvais sur ce coup. Ils avaient trouvés les seuls hommes véritablement suspects et en étaient finalement arrivés à la même conclusion que le directeur. Après s’être mordu le pouce jusqu’à s’en faire saigner, il gratifia les hommes d’un large sourire. Bien, il allait pouvoir travailler dans de bonnes conditions en leur compagnie.


« Bravo, vous êtes plus compétents que ce que je m'imaginais à vrai dire. C’est une bonne chose. Je tiens néanmoins à ajouter qu’Oda Namikawa n’est plus jônin instructeur depuis un an. Dorénavant il est sous mes ordres dans mon service, et il travaille au QG. Vous l’avez très certainement croisés il y’a peu de temps. Vous savez ce grand type avec le cheveux vert ? Oui voilà, c’est lui. Je ne vous tiens pas responsable d’être passés à côté de cela, vous ne pouviez pas savoir si le dossier n’est pas à jour. Bien, voilà comment nous allons nous organiser. Vous êtes cinq, ce qui veut dire que quatre d’entre vous vont débuter une filature. Vous suivrez chacun l’un des trois suspects, plus le père de l’un deux, ce lui dont je viens de vous parler. Pour ma part, je vais aller à l’orphelinat en compagnie de celui d’entre vous qui n’aura personne à suivre. J’ai le sentiment que c’est ce cher Kida qui est le plus suspect de tous. Bien, rompez. »

Maintenant qu’il avait donné ses ordres, l’équipe se sépara. En compagnie de Watari et de l’ANBU restant il prit la direction de l’orphelinat. Après un bref coup d’oeil vers le pied de celui-ci, il se rendit compte qu’il s’agissait de la personne qu’il avait reconnu: Yabura Katetsu. En y réfléchissant bien, il ne s’agissait pas d’un homme mais bien d’une femme. Par le passé, elle l’avait déjà aidé à résoudre une enquête. Oui, il se souvenait parfaitement d’elle. Une femme taciturne et désagréable mais toutefois très douée dans son travail. Bien sûr ses capacités intellectuelles ne valaient pas grand choses face à celles de Matsuda, mais elle restait une femme époustouflante. Bien sûr, il ne pouvait pas lui dire qu’il savait qui elle était. L’identité de ces personnes était secrète et elle devait le rester à tout prix. Tout en dévorant une glace à la vanille dans son cornet, le directeur fit donc le chemin vers l’orphelinat avec ses acolytes. Sur place, il demanda à s’entretenir avec la directrice de l’endroit, en privé bien sûr. Au bout de quelques minutes, on leur accorda cela. Matsuda connaissait très bien cette femme acariâtre. Après tout, dans sa jeunesse, lui aussi avait vécu ici. Ce n’était d’ailleurs pas pour rien qu’il avait choisi d’enquêter sur Kida, en effet il avait connu personnellement le ninja quand il était enfant. Le directeur se rappelait des années passés ici, il n’en avait pas très bon souvenir à vrai dire.


« Matsuda-kun, vous me voyez ravie de vous revoir. Cela fait tant d’années que je ne vous avais plus revu. Vous savez, vous êtes le modèle de bon nombre d’enfants depuis que vous avez grimpés les échelles de la hiérarchie du village. Votre exemple leur montre qu’il leur est possible de faire ce qu’ils veulent de leur vie. Cependant, qu’est-ce qu’un homme aussi occupée que vous viens faire dans un endroit pareil ? »


Depuis la dernière fois qu’il l’avait vu, la femme avait prit quelques rides mais son visage s’était adouci. Peut-être était-ce la présence du directeur qui la ravissait réellement à ce point, ou bien avait-elle changé ? Matsuda n’en savait rien et il s’en moquait. La seule raison pour laquelle il était là était de mener son enquête. La directrice connaissant les habitudes du jeune homme, elle fit venir un fraisier et servit personnellement ses invités. Assis dans sa posture habituelle, sur le canapé rouge très confortable du bureau de la femme, Matsuda attaqua sa part en en s’adressant à son interlocutrice.


« En effet, si je suis là c’est uniquement parce que je n’ai pas d’autre choix. Cet endroit me déprime et je ne vous ai jamais aimé. Succulent ce gâteaux. Bien, la raison de ma présence est simple, j’ai besoin du dossier de Kida Namikawa. Sortez-le. Au fait vous allez manger votre part ? »

« La politesse ne semble toujours pas être devenue une habitude chez vous Matsuda-kun. C’est déplorable. Allez-y prenez ma part, je vais vous chercher le dossier. »


L’air vraisemblablement énervé, la directrice sortit de son bureau pendant que Matsuda s’en prenait à sa part de gâteaux. Quelques minutes plus tard, elle revint, le dossier en main. Après qu’elle l’ait remis à Matsuda, ce dernier commença s’en perdre de temps à l’étudier. Une fois cela fait, il le fit passer à l’ANBU et à Watari. Tout en se grattant la nuque il s’adressa à nouveau à la directrice.


« Si j’en crois le dossier, les parents adoptifs de Kida se nomment respectivement Oda et Emiko Namikawa. Ils l’ont prit en charge lorsqu’il a eu dix ans. Le père est jônin et la mère marchante ambulante de vêtements. Avez-vous autre chose à me dire qui puisse nous en apprendre plus sur lui ? »

« Je suis désolée, je ne vois pas. A moins que... oui, je me souviens de quelque chose. Kida avait très jeune prit goût pour les produits illicites. En dehors de ça, je ne sais pas bien quoi vous dire... »


Même si l’idée était bonne, Matsuda n’en avait finalement pas apprit beaucoup sur Kida. Rien qu’il ne sache déjà, hormis le nom de sa mère adoptive. Finalement il n’était pas vraiment beaucoup plus avancé et il décida de rentrer au QG. Le temps que les autres terminent leur filature, Matsuda éplucha à nouveau les dossiers de ses hommes. Il se pencha tout particulièrement sur le cas d’Oda. Malheureusement, l’homme était irréprochable. C’était un ninja exemplaire, fidèle et travailleur. Il n’avait pas le profil type d’un homme travaillant pour la mafia. Ce ne pouvait pas être Kobura, ou en out cas, rien ne le laissait penser. Kida en avait bien plus le profil, mais il manquait d’intelligence aux yeux de Matsuda. Son instinct lui disait de chercher ailleurs, ce ne pouvait pas être lui Kobura, c’aurait été trop simple. L’homme qu’il cherchait avait le don de sa cacher et de réussir à se dissimuler à un tel point qu’on finissait pas nier son existence. En rien Kida n’en avait l’étoffe. C’était un casse tête. Finalement, les hommes revinrent, apportant avec eux des nouvelles.


« Directeur Atsuji, nous avons suivi vos instructions. Concernant Oda, Kida et Higuchi, rien à signaler. En revanche, la filature de Midô a été concluante. Pendant que je le suivais personnellement, lors de son temps libre, il est sorti en dehors du village. Après quelques temps il est arrivé au sein d’un village civil et a pénétré dans une auberge. Je l’ai suivi discrètement et j’ai pu le voir échanger quelque chose avec un homme des plus suspects. J’ai alors pris l’initiative de filer l’inconnu jusqu’à un endroit plus tranquille. A ce moment là, je l’ai attaqué, mis hors d’état de nuire, puis je l’ai interrogé. Sous la torture, il m’a confié qu’il appartenait à l’organisation Konashi et que Midô en était membre lui aussi. En revenant au village, j’ai vu que ce dernier avait reprit son poste comme si de rien était. Il doit toujours y être actuellement. Quelles sont vos directives ? »


Matsuda affichait un large sourire. La piste de Kobura semblait plus claire dès à présent. Maintenant qu’il avait quelqu’un sous la main, il allait pouvoir commencer à remonter la piste de sa cible lentement. Le chemin qui l’en séparait semblait raccourcir de manière fulgurante. Se rongeant les ongles comme à son habitude, le jeune homme s’exprima à nouveau.


« Parfait. Attendez qu’il rentre chez lui et enlevez le dans le plus grand des secrets. Watari, vous prendrez son apparence et vous ferez passer pour lui le restant de l’enquête. Je veux que vous vous fassiez passer pour malade et que vous ne sortiez pas de chez vous. Vous autres, je vous charge de l’interroger. Soyez inhumains s’il le faut, je m’en fiche, mais je VEUX ses informations. Rompez ! »

Quatre heures du matin. Alors que Matsuda dormait paisiblement, quelqu’un toqua à la porte. Comme il ne se réveillait pas, la personne insista. Résultat des comptes, toute la petite famille fut tirée du lit. Les enfants se mirent à pleurer, et Asuna cogna sur son mari. La joue endolorie et le nez en sang, le directeur ouvra la porte, à moitié endormi, se demandant bien ce qu’on pouvait lui vouloir à cette heure. Il n’esquissa pas la moindre réaction lorsqu’il vit devant lui les cinq ANBU provisoirement sous ses ordres. Avant même qu’ils n’aient pu dire le le moindre mot, ce dernier hocha la tête et referma brusquement la porte. Quelques minutes plus tard, il sortit de chez lui, douché et habillé. Hier soir il avait décidé de dormir chez lui. Ses hommes ne revenant pas de leur interrogatoire, il s’était dit que ce pouvait être une bonne idée. Il semblait au final que non. Sur le chemin du QG, personne ne prononça le moindre mot, le directeur leur ayant intimé de garder le silence. Ce n’était pas seulement car il n’était pas encore bien réveillé, mais surtout car personne d’extérieur à l’enquête ne devait avoir la moindre information. Lorsqu’ils arrivèrent enfin au bureau de Matsuda, celui-ci s’affala mollement sur une table et leur demanda de faire leur rapport.


« Directeur Atsuji, nous avons obtenu les informations que vous désiriez. Midô a avoué être membre du Konashi. Cependant ce n’est pas tout. Même s’il ignore l’identité de Kobura, il nous a affirmé que Kida est en contact direct avec lui et qu’en plus de cela il le connait personnellement. Devons nous aller arrêter le chef douanier Kida Namikawa ? »


Matsuda ne répondit pas de suite, il prit d’abord le temps de bien se repositionner sur sa chaise, se mettre en position de réflexion et il commença à se ronger les ongles. De temps à autre, ses paupières se fermaient d’elles mêmes. Avant de passer aux choses sérieuses, il ordonna qu’on lui serve du café dans un bol. Après y avoir plongé une quantité déraisonnable de sucre, il but le breuvage en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Ressourcé, il se racla la gorge, bien que le ton de sa voix trahisse son manque de sommeil.


«Euuuhh, bon, alors, voilà. J’avais déjà des soupçons le concernant, donc bah, ouais c’est ça, allez le capturer. J’vais écrire quelque chose bougez pas. Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda, Atsuji Matsuda. Voilà. Donc, je lui ai donné l’ordre d’aller inspecter un campement suspect en dehors du village. Bien sûr c’est un piège. Une fois qu’il sera sorti d’Iwa et que personne ne sera plus avec lui, attaquez le et mettez le hors d’état de nuire. Quand ce sera fait, envoyez le à la section interrogatoire. Ce sera tout. Non attendez, apportez moi d’abord un bloc de glace au chocolat. Quoi ? Vous m’avez réveillé et j’ai pas pu manger, j’ai faim alors allez-y. Tout de suite ! »


Bien qu’ils n’apprécièrent guère cet ordre, ils s‘effectuèrent tout de même, pour le plus grand bonheur du directeur. Avalant goulument son délicieux plaisir glacé, il attendait que ses hommes fassent leur travail. Dans le même temps, il prit sur lui d’étudier à nouveau les pièces du puzzle. Il se rapprochait de plus en plus de Kobura, d’ici quelques heures, ce dernier serait enfin sous les barreaux, il en était certain. Une heure, deux heures, trois heures, quatre heures, cinq heures. Que diable faisaient-ils ? Pourquoi donc mettaient-ils autant de temps ? Quelque chose n’allait pas, Matsuda en était persuadé. Il y mettrait sa jambe à couper, la gauche bien sûr... Finalement, on frappa à la porte de son bureau. Lorsqu’il ouvrit, il se demanda pourquoi un seul de ses hommes se trouvait face à lui. Après l’avoir fait entré il lui demanda de lui expliquer la situation, tout en se demandant pourquoi il était couvert de sang et que ses habits étaient en piteux état.


« C’est une catastrophe... Tous les autres sont morts... Je suis, la seule survivante. Kida ne s’est pas laissé faire. Il... il les a tous tués... Je n’ai pas eu d’autre choix que de l’éliminer, il ne se laissait pas faire. Si j’avais continuer d'essayer de le capturer il m’aurait tué lui aussi. Je suis désolée Directeur Atsuji... »


Voilà qui était embêtant. Matsuda soupira longuement. Il n’était pas triste pour ses hommes, il trouvait juste agaçant de devoir repartir de zéro. Kida l’aurait mené jusqu’à Kobura. Qu’il ne se soit pas laissé faire l’ennuyait au plus au point. Il trouvait néanmoins étonnant que cet homme ait été en mesure d’éliminer presque toute l’unité des forces spéciales. Le Tsuchikage avait-il engagé des hommes si peu compétents ? C’était peu probable, très peu probable, toute cette histoire était vraiment suspecte. Son regard globuleux se posa sur l’ANBU restant. Nul doute, c’était Yabura Katetsu, la seule qu’il connaissait. Il n’était pas étonné qu’elle soit venu à bout de Kida, il savait qu’elle était très forte. Cependant, il se rendit compte qu’il ne l’avait jamais vu combattre. Tout cela était bien étrange. Le directeur était plein de doute, plein de questions qui ne trouvaient pas de réponse. Qu’est-ce qui se passait ?


« Je veux que les corps de vos collègues et celui de Kida soient autopsiés le plus rapidement possible. Je vais personnellement me rendre à l’hôpital pour voir les résultats. »

« Comment ça ? Qu’espérez-vous trouver Monsieur ? »

« Je l’ignore, mais je n’ai plus la moindre piste, je dois tout exploiter. »


Lorsqu’elle quitta la pièce, Matsuda se mit en route de l’hôpital. Sur le chemin, il prit le temps de réfléchir à cette enquête. Qu’est-ce qui pouvait donc bien lui échapper ? Arrivé à destination, il dévalisa l’un des distributeurs. Tout en mangeant comme un glouton, il patientait, attendant les résultats des autopsies. Finalement, on vint le chercher pour lui dire que tout était bon. Matsuda pénétra alors au sein de la morgue. Il y faisait froid, très froid. Une odeur désagréable y régnait, un peu comme de la moisissure morbide dissimulée. L’atmosphère de cette pièce n’était pas très agréable et Matsuda ne la supportait pas très bien. Sur cinq tables étaient disposés les corps des ANBU et de Kida Namikawa. Le directeur remarqua de suite qu’ils étaient tous en très mauvais état. Ils avaient de nombreuses plaies, des brûlures et toutes sortes d'ecchymoses. La bataille avait du être terrible. Après qu’il ait demandé au médecin de lui faire son rapport, Matsuda fut piqué par une abeille. Instantanément il l’écrasa. Que diable faisait cette bestiole ? Qu’importe, ce qu’avait  dire l’homme en face de lui était bien plus important.


« Atsuji-sama, je dois bien avouer que j’ai été très surpris. À première vue, ces hommes semblent avoir succombé à leurs innombrables blessures. Seulement la vérité est tout autre. J’ai vérifié à plusieurs reprises pour être certain, mais il advient qu’ils sont tous mort d’un choc anaphylactique de grade IV. Si l’on en croit leurs multiples piqures, je pense pouvoir affirmer qu’il s’agit d’une mort provoquée par des abeilles. C’est étrange, cela me rappelle le mode opératoire des membres du clan Kamizuru. Toutefois, je n’ai plus vu personne mourir de cette manière depuis que ces derniers ont étés déchus. Je ne comprends pas bien, j’espère que vous saurez percer ce mystère. »


Des abeilles ? Le clan Kamizuru ? Tout semblait devenir de plus en plus clair. Matsuda était presque sûr de l’identité, cependant il lui manquait un élément pour en être certain. Sans perdre de temps, il reprit la route vers le QG. Cependant, alors qu’il se trouvait encore dans l’un des couloirs de l’hôpital, il entendit un bruit suspect. On aurait dit comme un insecte volant non loin. Oui c’était bien ça, le bruit significatif des ailes d’une de ces bestioles. Matsuda se retourna et son visage se figea. Un véritable essaim d’abeille de trouvait face à lui. Merde, il ne pouvait pas courir à cause de sa jambe. Que faire ? Pas d’autre choix, il prit de l’élan et se défenestra sans perdre la moindre seconde. Comme il était assez haut, la chute lui brisa le bras gauche et quelques côtes. Crachant du sang sous l’effet du choc, l’homme restait couché à terre. Malheureusement, il n’était pas débarrassé des insectes. Ceux-ci sortirent soudainement de par la fenêtre et fusèrent vers lui. Faisait fi de la douleur, Matsuda sortit un parchemin et le déroula. Instantanément un dragon de vent se créa et tua net toutes les abeilles. Sous l’effet de la douleur, le directeur sentit ses paupières devenir de plus en plus lourdes. Une minute plus tard, il perdit connaissance...

Que s’était-il passé ? Où était-il ? Lorsque Matsuda revint à lui, il se posa de nombreuses questions. A première vue, il se trouvait actuellement à l’hôpital. Qui l’avait sauvé ? En regardant autours de lui, il constata la présence de sa femme et de la dernière ANBU. Le directeur tenta alors de bouger, mais face à la souffrance cuisante que cela lui causait, il se ravisa. Asuna pleurait, c’était bien la première fois que cela arrivait. Non pas qu’elle pleure en soit, mais qu’elle pleure pour lui, jamais encore ce n’était arrivé. Matsuda s’empara de la main de sa femme pour la rassurer. Bon sang, mais que lui était-il arrivé ? D’un signe de la tête, il intima à l’ANBU de lui expliquer la situation.


« Directeur Atsuji, vous êtes resté évanoui toute une journée. Lorsque j’ai entendu que vous aviez des soucis, j’ai accouru au plus vite. Malheureusement, le temps que j’arrive, vous aviez déjà perdu connaissance. Comme il n’y avait aucune trace de votre agresseur, j’ai pris l’initiative de vous amener ici afin que vous y soyez soigner. Les médecins affirment que votre pronostic vital n’est pas engagé. En revanche, vous devrez garder le bras dans le plâtre un bon mois. Concernant vos côtes, il faudra que vous évitiez les mouvements trop brusques. Je vais maintenant vous laisser, vous avez besoin de repos. De mon côté je vais essayer de retrouver la trace de cet individu. Au vu des informations que j’ai récolté, il s’agit d’un membre du clan Kamizuru, je suis même sûre qu’il s’agit de Kobura en personne. Nous nous approchons du but Directeur, c’est certain. »


Sans dire mot, Matsuda approuva et regarda l’ANBU partir. Asuna se jeta alors à son cou. Il n’y avait pas à dire, le directeur n’en revenait vraiment pas. Ce n’était pas la femme qu’il connaissait. Peut-être qu’au fond elle l’aimait vraiment ? Ou bien n’était-ce que le fait qu’il ait failli mourir hier ? Notre homme n’en savait rien et il décida de croire en la bonté de son épouse. Les jours passèrent les uns après les autres, le temps que Matsuda sorte de convalescence. Au bout d’une semaine, on l’autorisa à sortir de l’hôpital pour retourner se reposer chez lui. À peine le lui avait-on permis qu’il s’exécuta. S’il était une chose que le directeur ne supportait pas, c’étaient bien les hôpitaux. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, notre homme ne se reposa pas réellement, au contraire il travailla. Alité contre son gré, il refit et défit sans cesse le puzzle qui représentait cette enquête. Une pièce lui manquait. Il restait envers et contre tout une inconnue dans l’équation. S’il pouvait enfin la trouver, il gagnerait la partie. Bien que restant chez lui, il fit mandé Watari. Une fois celui-ci arrivé, il lui confia une mission secrète. Matsuda en était certain, si cette piste aboutissait, il aurait enfin découvert l’identité de Kobura. Lorsque son second revint finalement, le directeur fit une découverte. Enfin, il savait qui était Kobura. Maintenant il ne lui restait plus qu’à le piéger. Pour cela, il convia son second ainsi que la dernière ANBU.


« Voilà le plan concernant notre cible. Il s’agit de l’actuel chef du clan Kamizuru. Par le passé il a fait parti d’une cellule terroriste visant la destruction d’Iwa. D’après certaines rumeurs il a rejoint les rangs du Konashi. Vous allez le faire venir au QG et puis nous l’interrogerons jusqu’à ce qu’il avoue tout. Il est actuellement Jônin au village et a officiellement fait la paix avec. En compagnie de Watari, je vais m’occuper de faire évacuer le QG le temps de notre basse besogne, personne de ma section ne doit être présent. »


Lorsqu’il termina de donner ses ordres, l’ANBU s’inclina et partit de suite. Aidé par son second, Matsuda se rendit alors au QG, comme il venait de le dire. Le temps que la femme revienne avec l’homme, il effectua ses préparatifs. Lorsque l’ANBU arriva, elle portait sur ses épaules la cible, décédé. Elle posa le cadavre devant Matsuda et toussa à s’en arracher les poumons, elle donnait l’impression d’être épuisée. Comme si elle venait de mener un combat redoutable, d’ailleurs, l’état de ses vêtements et ses blessures semblaient confirmer cette hypothèse. Le directeur avala quelques fraises avant de se tourner vers Watari.


« Allez cherchez du renfort. Regardez, elle est blessée. »


Obéissant à son chef, il s’exécuta de suite. Il ne restait plus personne dans le QG hormis Matsuda et l’ANBU. Bien entendu je ne compte pas la présence du cadavre, c’est logique... Tout en mettant du sucre en poudre sur ses fraises, le directeur observait à tour de rôle la membre des forces spéciales et l’homme mort. D’un signe de la tête il lui intima de s’expliquer.


« Je suis vraiment désolée. Cet enfoiré n’a pas voulu se laisser faire. Je lui ai pourtant fait croire que ce n’était qu’un entretien on ne peut plus normal, mais sur le chemin il m’a attaqué. J’ai alors été contrainte d’en finir avec lui. Je suis sincèrement désolée. Nous ne saurons jamais s’il était réellement Kobura ou non... »


Bien que cela le fasse souffrir, Matsuda se mit alors dans sa position de réflexion habituelle. Savourant ce qui restait de son repas, il se mir à sourire. Fait des plus rares, il se mit même à rire de bon coeur. Le visage drapé de l’air du vainqueur il s’adressa à l’ANBU.


« Bien sûr que si je le sais. Cet homme n’était pas Kobura. Il n’était d’ailleurs pas l’homme que vous pensiez aller chercher. Son nom était Ideki Mizuko, rien de plus qu’un simple criminel comme tant d’autres. En réalité, voyez-vous, Kobura, c’est vous, Yabura Katetsu. Ou bien préférez-vous que je vous appelle Emiko Namikawa ? »


Le silence régna durant quelques secondes, l’ANBU n’en revenait pas. Personne ne se décidait à rompre ce moment, comme si la pression était trop forte. Finalement, la femme retira lentement son masque, le jeta au sol et retira même sa cape. Face au directeur se trouvait bien la femme qu’il avait connu quelques années auparavant. Un air malsain au visage, elle le regardait avec cruauté.


« Comment l’avez-vous découvert ? J’ai tout fait pour que vous ne puissiez pas remonter jusqu’à moi. »

« Tout ? Je dois bien reconnaitre que vous m’avez donné du fil à retordre, mais ce que vous appelez tout n’était au final qu’une partie de plaisir pour moi. Avant que je ne vous livre à la section interrogatoire, je vais tout de même prendre le temps de vous expliquer. Lorsque votre fils Kida a perdu la vie, en compagnie de vos quatre collègues, j’ai pensé que vous alliez gagner. Seulement vous avez manqué d’intelligence. Le légiste m’a apprit que c’était un membre du clan Kamizuru qui les avait tous tués. Or, jamais vous ne m’avez mentionné cela, vous m’avez expliqué que c’était un simple combat. A partir de là j’ai commencé à nourrir de sérieux doutes à votre égard. Seulement ce n’était pas encore assez, bien sûr. Avant que je ne sois attaqué, je prenais la direction du bureau du tsuchikage afin que celui-ci me remette votre dossier confidentiel. Je voulais vérifier quelque chose. Malheureusement, j’en ai été soudainement et mystérieusement empêché. Votre culpabilité était alors avérée à 25%. Comme je ne pouvais pas me déplacer, j’ai envoyé Watari chercher votre dossier. En le consultant, j’ai trouvé l’élément manquant, la dernière pièce du puzzle. Votre véritable nom ma chère. Je vous connaissais en tant que Yabura Katetsu, mais en réalité vous n’étiez autre qu’Emiko Namikawa, la mère de Kida. Cela a piqué ma curiosité à vif et j’ai fais quelques recherches à votre sujet. Avant de devenir Madame Namikawa, vous portiez un autre nom: Kamizuru. L’étau s’est alors resserré. C’était forcément vous qui aviez assassiné votre fils afin qu’il ne vous trahisse pas. Seulement voilà, vous avez alors été contrainte de tuer vos équipiers par la même occasion. Il était sûr à 90% que vous étiez Kobura, j’ai donc voulu en avoir la preuve en faisant passer cet homme pour notre cible. Si vous le tuiez afin que nous puissions pas savoir qu’il n’était pas celui que nous cherchions, votre culpabilité serait alors avérée. Yabura Katetsu, Emiko Kamizuru, épouse Namikawa, Kobura, je vous annonce que vous êtes officiellement en état d’arrestation. C’en est fini de vous. »


Au fur et à mesure que le directeur expliquait les choses à la femme, son visage perdit tout sourire, même malsain. Elle comprit qu’elle venait de se faire piéger. La peur pouvait dorénavant se lire sur ses traits. La partie se terminait pour elle. Elle n’avait plus qu’une seule solution en finir avec Matsuda. Peut-être arriverait-elle alors à s’en sortir. Elle tendit les bras vers le directeur et un essaim d’abeilles tueuses sortit de son corps. Instantanément, Matsuda effectua un mudra et une explosion retentit. Par mesure de précaution, il avait installé dans le dos du faux suspect un grand nombre de parchemins explosifs, dissimulés sous ses vêtements. L’explosion violente mais maîtrisée éjecta Kobura au loin et elle se cogna la tête contre un mur, lui faisant perdre connaissance. Quant aux abeilles, elle tombèrent au sol après s’être fait happés par les souffle de l’explosion. Quelques secondes après, une escouade des forces spéciales fit son apparition, accompagnée de Watari. En réalité, il n’était pas parti un médecin mais bien du renfort pour le directeur. Le piège s’était finalement refermé, la cible était capturée. Un grand sourire aux lèvres, le directeur sortit une tablette de chocolat. Il avala quelques carrés avant de prendre la parole sur un ton jovial.


« La partie est terminée Kobura, c’est moi qui ai gagné. Watari, allez me chercher un sorbet à la framboise. »